Diabète : Une Avancée Médicale Historique

Rédigé le 22/10/2023
Jujue LV


La Première Greffe Rein-Pancréas à partir d’un donneur en arrêt Cardiaque

C'est la première fois qu'on réalise en France une greffe combinée rein pancréas après le prélèvement des organes à la suite d'un arrêt cardio-respiratoire. Le docteur Julien Branchereau, chirurgien urologue au CHU de Nantes a pratiqué l’opération sur un patient diabétique jeune de 36 ans, dont le pronostic vital était engagé.



Déjà le diabète qu’est-ce que c’est ?

Le diabète sucré, dit de type 1, est une maladie chronique qui se caractérise par un taux de sucre anormalement élevé dans le sang (hyperglycémie).

Après ingestion d’aliments sucrés, la glycémie monte et le pancréas sécrète alors de l’insuline qui permet aux sucres de pénétrer dans les cellules de l’organisme. Pour les personnes diabétiques, c’est une défaillance du pancréas qui engendre une insuffisance de production de l’insuline et une irrégularité du taux de sucre dans le sang. Le pancréas ne remplissant plus son rôle c’est donc par des injections d’insuline que l’on régule ce taux.

Si un diabète est mal équilibré, des complications importantes peuvent alors survenir (comas hypo ou hyper-glycémiques, atteintes des nerfs, des reins, du cœur, des artères...). La transplantation de pancréas est alors le meilleur traitement des diabètes très déséquilibrés.



Quand est-il actuellement ?

Les greffes d'organes sont souvent réalisées à partir de personnes en état de mort cérébrale, c'est-à-dire lorsque le cerveau ne fonctionne plus, mais que le cœur continue de battre. Dans cette situation, les organes continuent de recevoir du sang et de l'oxygène, ce qui les maintient en bon état en vue de la transplantation.

Cependant, lorsque quelqu'un décède à la suite d’un arrêt cardiaque, les organes ne sont plus irrigués et ne peuvent plus être utilisés pour des greffes, à moins d'intervenir très rapidement après le décès ou de développer une nouvelle méthode de préservation.

 

Le Centre Hospitalier Universitaire de Nantes à la pointe !

Le CHU joue un rôle précurseur en France en adoptant une nouvelle technique approuvée par l'Agence de la biomédecine. Il s’agit de maintenir la circulation sanguine et l'apport en oxygène dans une partie du corps du défunt, en dehors de ce dernier, afin de préserver les organes en vue d'une greffe. Cette méthode permet de rétablir l'apport sanguin et en oxygène aux organes qui ont été privés de ces éléments après l'arrêt cardiaque du donneur. Cette approche est particulièrement utilisée pour les reins.



Une victoire totale !

Pour cette grande première, le patient receveur est âgé de 36 ans a bénéficié de pas moins d’une trentaine de personne. Réanimateurs, coordinateurs, anesthésistes, spécialiste de néphrologie (reins), et infirmières se sont affairés autour du jeune patient. Ce dernier n’a maintenant plus besoin d’insuline ni de dialyse. Il devra bien sûr prendre un traitement antirejet, mais rien en comparaison des souffrances endurées, et Julien Branchereau ajoute, "il peut vivre normalement et même manger du sucre″

 

Dans les Bottes des Grands

Julien Branchereau situe son travail dans une histoire médicale nantaise. Il suit la trace ouverte depuis 1986 par Diego Cantarovitch qui a participé à la mise en place d’un programme de transplantation pancréatique à Nantes dès 1987 avec Jacques Paineau. Depuis, l’équipe nantaise se situe dans les plus grandes mondiales sur cette spécificité avec environ 20 greffes du pancréas par an. Il cite encore Georges Karam qui a porté le projet durant 25 ans, et Gilles Blancho, le directeur de l'institut de transplantation urologie-néphrologie de Nantes. Près de 650 patients y ont été transplantés d’un pancréas et plus de 6000 d’un rein.



Manque de donneurs

Réaliser cette greffe nécessite un donneur dont le cerveau ne fonctionne plus, appelé donneur en mort cérébrale. Cependant, il est de plus en plus difficile de trouver de tels donneurs, ce qui pose un défi aux médecins. Depuis 2014, Le Dr. Julien Branchereau (également chercheur à l'Unité INSERM 10 64 et à l'Université d'Oxford), et les chercheurs médicaux du CHU de Nantes travaillent sur une nouvelle idée pour résoudre ce problème.

Une des difficultés réside dans le contexte de la transplantation, car le pancréas est particulièrement sensible à l'absence de circulation sanguine, appelée ischémie. En d'autres termes, le pancréas commence à se dégrader en raison du manque d'oxygène et finit par s'endommager.

Après des essais de laboratoire, le Dr. Branchereau a réussi la première transplantation française combinée de rein et de pancréas, à partir d'un donneur en arrêt cardiaque, le 22 avril 2021. Suite à cette réussite, le CHU de Nantes a effectué une seconde greffe de ce type. Le Dr. Branchereau souhaite continuer sur cette lancée, car de nombreuses personnes attendent un donneur pour ces greffes. Cependant, il note que le nombre de dons d'organes diminue. Il constate également un manque d'enthousiasme du public envers cette idée. Il souligne que, bien qu'il soit impossible de donner un pancréas, il est tout à fait possible de rester en vie après avoir donné un rein à un frère ou à une sœur, par exemple.



En conclusion, il est indéniable que le don d'organes sauve des vies et offre une lueur d'espoir à ceux qui attendent une transplantation. Les avancées médicales, comme les techniques de préservation développées par le CHU de Nantes, ouvrent de nouvelles opportunités pour des greffes réussies, même dans des situations complexes.

En envisageant le don d'organes, nous avons tous la possibilité de faire une différence remarquable. Cette simple décision peut offrir une chance de vie à ceux qui en ont besoin et apporter de l'espoir à de nombreuses personnes.